Le travail demeure toujours important pour les français, mais il a perdu de sa structuration. En d’autres termes, le travail est désormais considéré comme un levier de bien-être par les salariés, et non plus comme un moyen de subvenir à ses besoins personnels.
Bien au-delà de simplement « se réaliser » par le travail, les travailleurs recherchent plus particulièrement à s’y sentir bien et à s’y épanouir. Les questions relatives au bien-être et à la qualité de vie au travail prennent ainsi tout leur sens.
Prendre en compte le bien-être des collaborateurs est une attente citée par 35% des salariés2. La notion de bien-être vise à améliorer la qualité de vie et les conditions de travail des salariés. On peut considérer cela comme une alliance entre performance d’entreprise et joie des salariés.
Selon l’OMS, le bien-être sur les lieux de travail se résume à : « un état d’esprit dynamique, caractérisé par une harmonie satisfaisante entre les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, et les contraintes et les possibilités du milieu de travail, d’autre part ».
Il est devenu un enjeu prioritaire au sein des entreprises. Fin 2021, 61% des salariés considéraient le bien-être comme tel3, soit une progression de 5 points par rapport à l’étude précédente datant de 2018.
Le concept de qualité de vie au travail
Les concepts de qualité de vie et de bien-être sont intimement liés et il est parfois difficile de marquer la distinction entre les deux. Pour limiter les risques de confusion, il faut savoir que le bien-être au travail est une notion beaucoup plus subjective que celle de la qualité de vie. C’est une perception, non mesurable, des employés, là où la qualité de vie au travail (QVT) est une démarche permettant aux entreprises d’atteindre leurs objectifs de combiner productivité, efficacité, satisfaction des employés et amélioration des conditions de travail.
La qualité de vie est affectée par un ensemble de facteurs qui procurent du bien-être aux travailleurs :
En d’autres termes, ces facteurs sont l’ensemble des actions qui permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale pour les entreprises.
La qualité de vie au travail, un axe stratégique
Selon l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail), le nombre d’entreprises qui s’intéressent et mettent en place des démarches d’amélioration des conditions de travail pour le bien-être de leurs salariés croît de plus en plus.
Un employé heureux dans un environnement de travail adapté est un véritable atout pour l’entreprise et agit considérablement sur ses performances. Cela lui permet, entre autres :
L’importance d’une expérience employé positive au sein de l’entreprise
Le développement du bien-être et de la qualité de vie au travail a engendré l’apparition d’un nouveau concept : celui de l’expérience employé.
L’expérience employé englobe l’ensemble des interactions et expériences vécues par un collaborateur au sein de son entreprise, tout au long de sa carrière professionnelle.
Pour implanter une expérience positive de travail durable, l’entreprise se repose sur 3 piliers :
Tous ces nouveaux indicateurs viennent agir sur le bien-être des salariés. Des études prouvent que les entreprises qui prêtent attention à la qualité de vie de leurs travailleurs sont mieux notées par leurs employés en termes d’expérience salariale. Ainsi, la qualité de vie n’est plus une option pour les entreprises mais un réel axe de réflexion stratégique !
1 Norme Ifop de climat social, 2021
2 Norme Ifop de climat social, 2021
3 Norme Ifop de climat social, 2021
"Il y a un rapport certain entre la mobilisation du personnel, la satisfaction des clients et la performance de l’entreprise"
HESKETT ET AL
Le dernier baromètre de l’Observatoire ACTINEO, publié en 2019, déclare que 37% des français pensent que leur employeur ne se préoccupe pas assez de leur bien-être au travail.
Parmi les indicateurs de bien-être au travail, le calcul du taux de turnover est un bon moyen de mettre en lumière une éventuelle dégradation du climat social au sein de la société. Afin d’éviter une mauvaise rétention des employés, c’est-à-dire une difficulté de l’entreprise à conserver ses talents, prendre en considération la qualité de vie au travail est essentiel ! Plusieurs facteurs sont à traiter pour améliorer la politique de bien-être de son entreprise :
2. L’environnement de travail
Il est essentiel d’offrir à ses salariés un environnement de travail agréable pour allier efficacité et bien-être.
3. Le besoin de reconnaissance
La reconnaissance peut s’exprimer par une récompense financière (prime, augmentation de salaire…) mais peut également prendre la forme d’encouragements, de remerciements ou de promotions internes.
4. Le contenu du travail
Pour les collaborateurs, le bonheur passe aussi par l’épanouissement professionnel. Pour être pleinement heureux dans l’entreprise, les salariés ont besoin d’avoir des responsabilités, des tâches variées et intéressantes, mais aussi d’être autonomes et valorisés.
Les avantages
Organiser des formations en interne pour améliorer les compétences de vos collaborateurs. Créer un comité d’entreprise offrant de nombreux avantages : tickets-restaurants, chèques vacances…
L’avantage du bien-être est qu’il est terriblement contagieux ! En axant la politique de bien-être de son entreprise sur ses employés, de nombreux autres bénéficiaires seront également impactés par cette démarche. Dans le cadre d’un établissement de santé par exemple, ce seront les résidents qui bénéficieront des bienfaits du bien-être des salariés.
Les personnes vieillissantes sont souvent sujettes à de la détresse psychologique et à la perte d’autonomie si elles ne sont pas stimulées physiquement et intellectuellement.
C’est pourquoi, il est essentiel de développer un sentiment de bien-être et une atmosphère bienveillante au sein de l’établissement. Avoir confiance en soi et véhiculer une image positive sont des leviers favorables à la santé mentale des résidents.
Plusieurs actions sont à mettre en place :
Le parcours d’activités santé seniors (PASS) est un projet alliant “maintien de l’autonomie des personnes âgées” et “pratique d’une activité physique et sportive”.
Il peut se présenter sous la forme d’un jardin thérapeutique, mobilisant tous les sens du résident, la vue, l’ouïe, le toucher, le goût. Ce type d’activité vient activer le système nerveux qui gagne en information et induit une interaction qui stimule le cerveau.
Le PASS est particulièrement intéressant en établissement de santé, car il aide les éducateurs sportifs à maintenir les personnes âgées en bonne santé et améliore le mieux être des résidents.
Qu’il s’agisse du lien social entre les pensionnaires et les équipes, entre les pensionnaires directement ou avec l’extérieur et la famille, il est important de maintenir les personnes âgées dans un environnement stimulant afin de maintenir leur intégration et leur capital social.
En établissement de santé, chaque activité proposée doit tenir compte des capacités physiques et intellectuelles de chacun. Les ateliers de mémoire sont recommandés visent à entretenir la mémoire des personnes âgées et à préserver leurs capacités cognitives. Ils sont particulièrement bénéfiques pour entretenir la « mécanique » du cerveau et maintenir l’autonomie des seniors le plus longtemps possible.
Pourriez-vous nous parler de vous et de votre établissement ?
Je suis Xavier Pierre, Directeur de la maison de retraite Les jardins d’Henriette. Notre établissement, situé à Jullouville, au-dessus du Mont Saint Michel, emploie 35 salariés et accueille 46 résidents
Comment faites-vous en sorte que vos nouveaux résidents se sentent bien ?
Un des critères fondamentaux du bien-être réside dans le maintien des personnes dans leur milieu naturel. En effet, il y a 2 souffrances lorsque on rentre en maison de retraite, la première souffrance réside dans le fait de quitter la maison que l’on avait choisie, la deuxième est d’arriver dans un milieu où on ne connaît personne. Nous prenons donc en priorité les gens de la communauté de communes.
Nos résidents peuvent ainsi maintenir un lien avec leur vie d’avant, continuer à recevoir aussi leurs amis ou leurs proches. Il arrive même souvent qu’un nouvel arrivant retrouve des visages connus au sein des résidents déjà présents.
Par ailleurs, nous essayons de responsabiliser un résident « parrain » afin d’accueillir et de guider le nouvel arrivant, notamment pendant les premiers jours.
Je suis moi-même très impliqué dans les animations. La taille de notre structure permet une grande proximité avec nos résidents dont on connait la famille et l’histoire de vie.
Plus globalement, quels sont les actions mises en place pour assurer une bonne qualité de vie à vos résidents ?
La moyenne d’âge de nos résidents est de 93 ans, ce qui est plutôt haut. Si cela n’explique pas tout, je pense néanmoins que l’état d’esprit de notre établissement a un impact très positif sur leur qualité de vie et donc sur leur santé : privilégier au maximum le jeu, les sorties et les moments d’interactions.
Pour cela, nous organisons beaucoup d’animations et d’activités à l’extérieur de la résidence. L’établissement a d’ailleurs récemment fait l’acquisition d’un minibus pour faciliter tous les déplacements. Cela nous a notamment permis de sortir régulièrement faire des pique-niques cet été, nous balader en bord de mer ou assister à des concerts en plein air.
Un résident reste en moyenne 2,5 ans au sein d’un EHPAD, donc notre objectif quotidien est de faire en sorte qu’à la fin de chaque journée, ils aient eu l’opportunité de s’amuser et de prendre un maximum de plaisir.
Qui organise toutes ces activités ?
Nous avons la chance d’avoir à nos côtés Virginie Deshaye, une animatrice à mi-temps, très investie. C’est elle qui imagine et qui met en place l’ensemble des activités. Elle est épaulée par le personnel dont l’un des rôles clés est d’animer la vie de la résidence. C’est une véritable philosophie qui met l’accompagnement de nos aînés, le jeu et le plaisir au même niveau que le soin.
Une association de bénévoles, Les amis d’Henriette, est également très présente pour sortir avec les résidents, faire un tour soit en ville ou en bord de mer, par exemple.
Cette philosophie impacte-t-elle également la qualité de vie de vos salariés ?
En effet ! Nous demandons aux salariés de prendre part à la vie des résidents en participant aux animations, en prenant du temps pour discuter avec eux, et même en les accompagnant en balade sur le marché. Dans ces moments-là, beaucoup me disent qu’ils n’ont pas l’impression de travailler ! C’est pourtant une mission essentielle de leur travail. Nous travaillons, mais nous travaillons autrement.
Entretien avec Elisabeth Blatrix, chargée de contenu web et facilitatrice chez AMi2
Je travaille chez AMi2 depuis 10 ans après différentes expériences professionnelles, notamment dans la grande distribution. Mon travail consiste principalement à intégrer les catalogues de nos fournisseurs dans notre base de données produits et tarifs.
Il faut savoir qu’AMi2 est devenue une « entreprise libérée » en 2015, c’est-à-dire qu’elle est passée d’une structure hiérarchique verticale à une structure horizontale, sans chef de service. Le travail est ainsi devenu plus collaboratif.
Chez AMi2, nous avons la possibilité, en dehors de nos missions principales, de participer à des groupes de travail transverses, c’est-à-dire que des personnes de différents services se réunissent pour faire avancer des projets divers. De mon côté, je participe notamment au groupe de travail “Qualité de Vie au Travail”. Pour le moment, j’en suis le pilote.
Pour nous aider à travailler en collaboratif, nous avons dû nous former à différentes techniques : la communication non-violente et la facilitation.
Qu’est-ce que la « Facilitation » ? C’est un ensemble de techniques, outils et méthodes qui permettent à un groupe de travailler le plus efficacement possible sur une question commune, dans un temps réuni, et de donner le meilleur de lui-même pour atteindre l’objectif désiré. La facilitation vise à utiliser toute l’intelligence, la créativité et le désir de contribuer de chacun pour faire avancer les projets communs.
AMi2 adopte la facilitation pour animer des réunions plus dynamiques et efficientes. C’est une technique collaborative qui permet aux salariés de l’entreprise de contribuer à faire avancer les projets. Quand elle est bien menée, la facilitation génère du plaisir au sein des équipes et permet à chacun de mieux y trouver sa place.
Faciliter c’est créer des conditions pour des interactions humaines profitables à l’organisation, pour une production qui fasse sens pour le groupe et qui aide à faire avancer l’entreprise. C’est une technique totalement en phase avec le bien-être salarial ! Je suis très fière d’être formée à la facilitation et c’est un plaisir pour moi d’aider le groupe et de le voir réussir à atteindre un résultat.
Le groupe de travail Qualité de Vie au Travail a pour vocation d’allier réussite de l’entreprise, bien-être et responsabilisation des collaborateurs et bon fonctionnement du collectif.
J’aime cette phrase de Ford qui dit : « Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite. » Elle montre à quel point, la QVT est un défi permanent.
Le groupe de travail QVT travaille sur l’organisation de l’entreprise, sa culture et sur les relations humaines. Concrètement, cela se traduit par exemple par des actions comme l’écriture de la procédure d’accueil des nouveaux arrivants ou la construction d’un tableau d’indicateurs de bien-être.
Nous avons récemment lancé un questionnaire auprès de tous les salariés AMi2. Il s’agit de leur laisser la parole pour mesurer leur satisfaction et effectuer une analyse de leurs besoins.
Comme évoqué précédemment, la QVT est un challenge car elle intègre de nombreux paramètres et tout évolue en permanence. Mais je pense que chercher à prendre soin des êtres humains dans l’entreprise se révèle payant à tous niveaux.