Au cours de l’année 2022, la crise alimentaire s’est manifestée par une série d’augmentations rapides des prix des denrées et par des pénuries d’approvisionnement alimentaire partout dans le monde. L’inflation s’est “introduite dans l’économie, d’abord par l’énergie avec des hausses de 35 à 40 %, et a frappé les deux professions les plus sensibles, les pêcheurs et les agriculteurs, débouchant sur une explosion des prix de leurs produits.” explique Olivier Mével, enseignant chercheur à Brest.
Selon le dernier rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur l’inflation des produits alimentaires, cette crise résulte d’une multitude de causes géopolitiques, économiques et naturelles. En l’occurrence :
Cette accumulation d’inflation, longtemps contenue par certains industriels et distributeurs en prenant sur leur marge, n’est aujourd’hui plus possible.
Si l’industrie agroalimentaire et la grande distribution ont jusqu’au 1er mars pour finaliser leurs négociations commerciales, les échanges s’annoncent particulièrement difficiles cette année. D’un côté les agriculteurs et les industriels doivent faire face à l’augmentation des prix des matières premières et de l’énergie, de l’autre, les distributeurs veulent limiter leurs augmentations pour continuer à pouvoir vendre leurs produits.
Toujours selon IGF, plusieurs facteurs vont contribuer à maintenir les prix des produits alimentaires à des niveaux élevés cette année. D’une part, les prévisions macroéconomiques et les anticipations de marché convergent vers des niveaux d’inflation significativement supérieurs à 4 % et parfois proches de 5 %. D’autre part, la flambée des prix de l’énergie et les possibles difficultés à produire pour l’industrie agroalimentaire (en raison des contraintes sur l’approvisionnement, la main d’œuvre et le financement) risquent d’alimenter les tensions sur les prix des produits alimentaires.
Cependant, si les prévisions annoncent une inflation supérieure à 4% en 2023, celle-ci devrait refluer vers 2% en 2024 !
La filière laitière est touchée par une nouvelle revalorisation du prix du lait. Depuis novembre dernier, les tensions sur la matière lait augmentent et des ruptures ponctuelles et perlées apparaissent dans toutes les régions. Malgré tout, la collecte du lait repart légèrement à la hausse ! Les conditions chaudes et humides exceptionnelles de l’automne ont favorisé une timide reprise de la collecte. Mais elle reste néanmoins bien plus basse que chez les voisins européens et surtout plus basse que la collecte des dernières années. Finalement, la production est encore sous tension en France et en Europe et le prix du lait ne semble pas encore stabilisé…
Autres produits sous tension : les ovoproduits et la volaille de chair. En effet, en 2022, la filière a traversé une crise majeure liée à une grippe aviaire très intense. Tout au long de l’année, le virus s’est propagé, impactant durablement la capacité de production française et européenne. Au total, ce sont plus de 4,5 millions de poules pondeuses qui ont été abattues en France. Le retour à la pleine production n’est pas attendu avant le printemps 2023. La filière estime une baisse de la capacité de
production de 8% par rapport à celle de 2021.
La consommation d’ovoproduits reste tout de même très dynamique en période d’inflation et la demande se fait plus forte. En effet, malgré les augmentations sur l’année 2022 sur cette catégorie de produit, l’œuf reste la protéine animale la moins chère sur le marché. Même si l’indice ITAVI, reflétant le coût optimisé des matières premières entrant dans différentes formules d’aliments des poules pondeuses, est moins élevé qu’au mois de mai, il reste à des niveaux très hauts. Les tarifs 2023 seront ainsi revus à la hausse…
Le saviez vous ?
Le fournisseur YOPLAIT a dû stopper sa ligne de production de fromage blanc format 5KG durant tout le dernier trimestre 2022. Ceci a engendré de fortes tensions sur la disponibilité de ces produits sur le marché de la restauration hors foyer. Le fournisseur YOPLAIT a repris sa production début Janvier 2023, toutefois la hausse de tarification annoncée est
de l’ordre de +50%.
Cet article a été coécrit avec POMONA et TRANSGOURMET, grossistes et distributeurs alimentaires, partenaires AMi2.